Une image montrant le président congolais Félix Tshisekedi à genoux devant son homologue rwandais Paul Kagame circule sur les réseaux sociaux, suggérant un geste de pardon historique. Après vérification, il s’agit d’une image manipulée, générée par intelligence artificielle puis retouchée à l’aide d’un logiciel. Dans un contexte de tensions persistantes entre la RDC et le Rwanda, marquées par des accusations mutuelles de soutien à des groupes rebelles, cette photo ne correspond à aucun événement officiel et relaie une fausse information.
De nos jours, la diplomatie entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda reste très tendue. À de nombreuses reprises, la RDC a accusé le Rwanda de soutenir la coalition des mouvements rebelles AFC/M23, qui occupe deux villes majeures du Nord et du Sud-Kivu : Goma et Bukavu. Selon les accords prévus, notamment ceux de Doha et l’accord de principe signé à Washington sous l’égide du président Donald Trump, le Rwanda devait retirer ses troupes dès le 1er octobre 2025.
Dans la plupart de ses discours, le président de la RDC, Félix Antoine Tshisekedi, affirme que le Rwanda viole l’intégrité territoriale de son pays et évoque sans relâche les crimes commis par Kigali. De son côté, le Rwanda rejette toute implication dans la guerre en RDC.
Le 30 septembre 2025, lors d’une session du Conseil de sécurité des Nations Unies, la RDC, représentée par son ambassadeur Zénon Mukongo Ngay, a accusé ouvertement le Rwanda de commettre des crimes de guerre, notamment le meurtre d’innocents et le pillage des ressources congolaises. En réplique, l’ambassadeur du Rwanda, Martin Ngoga, a exprimé son inquiétude pour la sécurité de son pays et a accusé la RDC de soutenir les rebelles FDLR, qui planifieraient de déstabiliser le Rwanda.
Un président à genoux, une image manipulée
Les résultats de la vérification faite à l’aide de l’outil « Hive Moderation »
Récemment, une photo montrant le président Félix Tshisekedi à genoux, prétendument pour demander pardon à son homologue Paul Kagame, a circulé sur les réseaux sociaux. Dans l’histoire contemporaine, aucun président africain ne s’est jamais agenouillé devant un homologue pour demander pardon.
Le Journal Shikiriza a mené une vérification des faits pour établir la véracité de cette image. Une recherche inversée sur Google Images a montré que la photo circulait sur plusieurs plateformes, notamment Facebook et X (anciennement Twitter), comme ici. Aucun des comptes officiels des gouvernements de la RDC ou du Rwanda ne l’a publiée.
Grâce à un outil de détection de contenus générés par l’intelligence artificielle, Hive Moderation, il a été déterminé que cette photo avait été générée par l’intelligence artificielle à plus de 71 %. De plus, l’image avait été retouchée à l’aide d’un logiciel, comme l’a confirmé Fotophorencis, un outil spécialisé dans la détection des modifications visuelles. Ainsi, cette photo ne reflète pas la réalité et constitue une manipulation.
Une hostilité toujours vive entre les deux chefs d’État
Le 9 octobre 2025, en Belgique, lors d’un forum réunissant des pays africains et européens pour renforcer les partenariats économiques, le président Félix Tshisekedi a demandé publiquement à Paul Kagame d’ordonner à la coalition AFC/M23, soutenue par le Rwanda, de cesser immédiatement le feu et de ne plus tuer les civils. Dans son discours, Tshisekedi a exprimé sa volonté d’engager un processus de paix plutôt que la guerre, affirmant que l’histoire les jugerait si l’escalade se poursuivait.
Le même jour, sur son compte Twitter, Paul Kagame a réagi en déclarant : « If one makes an issue of the noise of an empty drum, they also have a problem! Better to let it pass or walk away from it! », une réaction émise après le Global Gateway Forum. Cette déclaration montre clairement que Félix Tshisekedi n’a pas demandé pardon à genoux, et que les tensions entre les deux dirigeants demeurent fortes.
En conclusion, l’image du président congolais à genoux devant son homologue rwandais n’a aucun fondement réel. Elle est fausse et illustre la puissance des manipulations visuelles à l’ère de l’intelligence artificielle.